Radio Activity

RADIO ACTIVITY

Émission du vendredi 17 décembre 2021

Artiste invitée : Natacha Nisic

Une proposition de Bertrand Gauguet et Paul Sztulman
Avec l’assistance technique de Christian Phaure

Étudiants Ensad : Margot Allio, Ilaria Andreotti, Audrey Caume, Axel Cousin, Garance Debergue, Alma Dubois, Alaia Etchegoin, Marie Falala, Fayrouz lf Harmatallah, Rose Hirgorom, Morgane Le Mouelic, Ange Petit, Emma Pin, Paul-Auguste Richard, Lisa Zimmermann


© Tim Trompeter

NATACHA NISIC
Le travail de Natacha Nisic (née en 1967 à Grenoble) explore la relation entre les images, l’interprétation, le rituel et la mémoire. Son travail questionne la nature de l’image et des récits à travers différents médias: Super 8, 16MM, vidéo, photographie et dessin. Elle expose abondamment autour du monde – ses expositions récentes incluent le Bienalsur en Argentine (2021), Centre Pompidou (2020), le TOP Museum à Tokyo (2018 – 2010), la Media Biennale City à Séoul (2016), Munfret à Buenos Aires (2016), «Echo », exposition personnelle au Jeu de Paume, Paris, (2014). Dès le début de la pandémie, elle crée la plateforme numérique « The Crown Letter » dédiée à l’expression des femmes artistes, travail collectif pour lequel elle reçoit le prix Hans et Lea Gründig. Elle réalise pour Arte La Lucarne « le Ciel d’Andrea » (2014) ainsi que « Plutôt Mourir que Mourir » (2017) sur la Première Guerre mondiale et l’historien d’art allemand Aby Warburg. Pour le Mémorial de la Shoah à Paris, elle a réalisé le Mémorial des Enfants et travaille sur les questions de représentation des violences extrêmes.
En 2021, elle publie « Les Fumées – Carnets d’un génocide, Rwanda1994 – France 2018 » à partir de dessins réalisés lors d’un procès de deux bourgmestres rwandais accusés de participation au génocide. Natacha Nisic a reçu de nombreuses bourses et résidences, dont la Villa Kujoyama à Tokyo en 2001 et 2016, le Gyeonngi Creation Center en Corée du Sud en 2010 et la Villa Médicis à Rome en 2007. Formation: École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Paris; Deutsche Film und Fernseh Akademie, Berlin; La Femis, Paris.


http://natachanisic.net/




Je souhaite partager avec l’ensemble du groupe une recherche en cours entamée il y a deux ans. Comme point de départ, il y avait un lieu et des souvenirs d’enfance : une région au sud de Lyon que l’on traverse sur l’autoroute des vacances. Surplombées de vignes et de paysages enchanteurs, se succèdent usines chimiques et centrales nucléaires tout le long du Rhône. Dans la tradition des penseurs du paysage comme Augustin Berque, je me suis rendue dans ce lieu familier, un nonlieu, sans qualité, outre qu’il semble résumer tous les enjeux de notre relation au milieu, à l’environnement, aux désirs et aux peurs qui nous animent. Au cœur de ce nonlieu, une résidence de 15 jours dans la Centrale de Saint-Alban.
A l’occasion de ce travail radiophonique, je mettrai à disposition un ensemble d’archives sonores collectées dans la centrale à laquelle nous pourrions ajouter les archives de l’INA (à confirmer).
Cet ensemble constituera une base à partir de laquelle nous tenterons de rechercher et mettre en ondes les affects les plus profonds qui traversent nos sociétés à l’aune de l’atome et de la société du risque telle que déjà décrite par le penseur allemand Ulrich Beck dès les années 80. Espoirs, peurs, folie émancipatrice tout autant que destructrice, violence sociale, injonction magique de la matière, les champs multiples vont se déployer dans un tragique joyeux atomique.

Natacha Nisic



© Paul Sztulman